LA PRESSE DE LA MANCHE, 25 janvier 2007

LA PRESSE DE LA MANCHE, jeudi 25 janvier 2007, page 5 – Premier quotidien de la France libérée

LA PRESSE DE LA MANCHE
Premier quotidien de la France libérée
jeudi 25 janvier 2007, page 5

Louis Lefèvre

Charles Carson en mairie : un événement culturel

Un événement culturel de haute volée se prépare à Tourlaville. L’exposition que Charles Carson, un artiste canadien de renommée internationale, va présenter en mairie sera quelque sorte, pour lui, le prélude à un départ pour la conquête de l’Europe des arts.

L’exposition de peinture actuellement en cours d’accrochage aux cimaises de la mairie de Tourlaville va être assurément l’un des moments forts de l’année culturelle sur toute la région. Et même bien au-delà. D’autant que l’artiste Charles Carson, puisqu’il s’agit de lui, a peint des toiles tout exprès pour cette exposition. Pour illuminer l’espace culturel qui va le recevoir et qui l’a tout simplement conquis lors de sa première visite des lieux.

Comme beaucoup d’artiste, c’est tout jeune que Charles Carson est tombé dans ce qui est désormais devenu sa raison d’être. « Au début, comme tout jeune, j’ai barbouillé et dessiné sans y attacher vraiment d’importance mais j’avais toujours un crayon dans les mains », explique-t-il avec cet accent si caractéristique qui sied si bien à nos cousins québécois, « à l’école je me suis fait casser plus d’une fois la flûte sur la tête, mais en art plastique, ça allait bien ». Cela allait tellement bien que, pour lui, l’art n’a pas tardé à devenir une passion. Y compris l’art antique. Depuis son âge de 14 ans n’est-il d’ailleurs pas devenu un collectionneur averti de tout ce qui touche à l’art. De plus, depuis cet âge, il fréquente assidûment tout ce qui est musée et galeries. Longtemps, longtemps, il a également restauré nombre d’œuvres d’art. Pendant plusieurs années, il s’est aussi mis à « peindre de manière classique » mais il était hanté par ce qui ressemblait à une idée fixe en forme d’insatisfaction personnelle. « Bien souvent, les peintres ont un style mais peignent à la manière de … » Lui ne voulait pas être taxé de ce genre de chose. « Je me suis alors décidé à aller vers une peinture complètement personnelle », avoue Charles Carson « Après beaucoup de recherches, d’essais, de déceptions, d’avis d’experts », le carsonisme allait voir le jour.

Né au début des années 90, « le carsonisme, est une forme d’écriture nouvelle », explique Guy Robert, le fondateur du musée d’art contemporain de Montréal qui, pour l’occasion a en fait inventé l’expression. Celui qui est aussi écrivain, critique d’art, historien et docteur en esthétique de l’université de Paris ne trouvait en effet pas de mots pour définir parfaitement cette nouvelle manière de peindre. « La nature n’est qu’un dictionnaire », disait volontiers Delacroix. Ce dictionnaire, Charles Carson se l’est approprié. Ou en tout cas s’est imprégné d’un grand nombre de ses pages. Tout cela pour éviter « le malentendu de l’abstraction » qui éloigne une très grande partie de l’art du siècle passé de la nature. Ecoutons d’ailleurs ce qu’en dit Guy Robert. « Léonard de Vinci conseillait à tout apprenti peintre de bien observer des choses aussi triviales que des murs décrépits ou des vieilles pierres. Charles Carson remplace les vieux murs par des compositions très colorées d’allures abstraites mais qui proposent déjà des pistes de lecture : profils d’arbres ou personnages, têtes esquissées d’oiseaux ou de poissons, bref , une peinture complice de la nature qui nous invite à imaginer ». Tout cela en une sorte de « jeu du regard » que l’on attire et que l’on intrigue par « des formes ambiguës » qui prêtent à mille interprétations. « Au début, c’était de l’abstrait avec des formes figuratives », explique l’artiste. Désormais, son œuvre est « une dématérialisation des éléments qui amène le public à aller de découvertes en découvertes ».

Reconnaissance internationale

Comme il est raisonnable de l’imaginer, depuis qu’il est né, le carsonisme a bien grandi. La renommée de l’artiste également. Elle a même depuis longtemps dépassé les seules frontières de son Québec natal. En Colombie par exemple, à Carthagène, une statue de bronze grandeur nature a été élevée à son effigie. Entre son atelier de Montréal, celui des Laurentides situé au nord du Canada (« à deux pas d’un magnifique projet de pentes de ski développé par les français ») et ses nombreuses expositions, Charles Carson est désormais devenu un artiste voyageur du monde. Comme l’explique son agent pour la France, Jacqueline de Torrès, « il court le monde avec ses pinceaux ». Ce qui un peu partout lui vaut reconnaissance et de très nombreuses distinctions. Entre autres choses, l’artiste a reçu la médaille d’or de l’Académie internationale des Beaux-Arts du Québec, il est maître académicien pour l’excellence de son œuvre, en 2002 il a été lauréat de la grande médaille d’or de Rayonnement universel, il est aussi membre officiel de l’Académie européenne des Arts-France . Une biographie de l’artiste est même en cours d’écriture par Anne Richer. L’Académie Européenne des Arts-France, Charles Carson et son œuvre en seront les invités d’honneur lors d’une toute prochaine exposition qui aura lieu à Paris du 29 mars au 5 avril prochains.

C’est à Tourlaville que va se peaufiner cette exposition pour l’artiste. C’est de là aussi qu’ il veut se lancer à la conquête de l’Europe lui qui, l’été dernier, a fait un long séjour aux Perques et en a profité pour y peindre de nombreuses toiles. « J’ai été très attiré par l’environnement, la nature et les fonds marins de la région », explique-t-il en ajoutant, « tu sais l’écologie c’est très important ».

Ces œuvres, beaucoup d’autres également vont être visibles durant un mois en mairie de Tourlaville. Des œuvres en forme d’hymne à la vie. Des œuvres d’où se dégagent plaisir, bonne humeur et libération de l’esprit. Les œuvres d’un très très grand artiste. Tout simplement.