Maître Carson, son cheminement, ses découvertes, son audace et sa réussite!

Magazin’art reportage Carson page 55

Magazin’art ÉTÉSUMMER 2005, no 68

Reportage sur l’artiste Charles Carson.

Louis Bruens
Expert en marché d’art Réf: pages 55,56,57,58 et 59

Charles Carson,(AEAF)

Son cheminement, ses découvertes, son audace et sa réussite!

J’ai connu cet artiste peintre alors qu’il s’escrimait en vain à reproduire les éclairs et les formes projetés par son imagination. Il n’avait pas encore trente ans. Je le voyais déterminé, tenace, volontaire, pour ne pas dire obstiné, mais, comme tant d’autodidactes à leur début, ses résultats sur la toile étaient bien mièvres, sauf son sens évident des couleurs. Des tableaux, j’en ai vus dans ma carrière, j’en ai analysés, décomposés, comparés et, généralement, je pouvais facilement découvrir les défauts et les qualités de chacun, mais les tableaux de Charles Carson, de cette époque, étaient, à mes yeux, plutôt mauvais … et pourtant, ils me fascinaient par un détail que je ne pouvais définir. Je pense que c’était son sens inné de la couleur. Son écriture picturale était un ensemble de formes… sans formes. Pourtant, quelque chose d’indéfini émanait de son « peinturlurage », quelque chose que je ne pouvais élucider et qui m’intriguait.

À chacune de nos rencontres, il me demandait s’il était prêt à entrer sur le marché de la peinture ; ma réponse était chaque fois la même : « NON ! Tu vas te casser la figure avant même de commencer ». Ce petit jeu a duré plusieurs années au cours desquelles il continuait à s’acharner courageusement, parfois péniblement, à jeter ses couleurs sur la toile, espérant, à chacune de nos rencontres, d’entendre mon verdict : OUI, TU ES PRÊT! Et il me quittait, triste et amer, après avoir avalé mon refus de lui mentir en l’encourageant à prendre le chemin de l’insuccès.

Au cours de toutes ses années, il a accepté mes conseils, mon analyse et… mes refus. Il lui a fallu une fameuse confiance en moi et surtout beaucoup de courage pour persévérer, pour poursuivre son rêve: Il aurait pu ne rien écouter, il aurait pu, comme tant de jeunes artistes, visiter les galeries, il aurait pu oublier ses explorations, ses expériences picturales, surtout, il aurait pu abandonner devant le peu d’encouragement de son entourage.

Mais non ! Il n’a jamais accepté la défaite. Charles Carson est un battant naturel.

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Tu es prêt, vas-y, fonce !

Par la suite, nous ne nous sommes plus vus durant quelques temps. Un beau matin, il y a de cela près de quinze ans, il arrive chez moi, un tableau dans les mains, un petit 51 X 41cm, intitulé l’Envol. Il le déballe lentement, avec hésitation et… cette fois là, j’ai été stupéfait.

Ce tableau était une petite merveille. Un semi-figuratif aux couleurs éclatantes, une composition qui répond parfaitement aux règles de l’art dans un ensemble étonnant d’imagination. Charles, tendu, m’observait sans dire mot ; il attendait mon verdict. Quel bonheur nous a tour à tour envahi alors que j’ai prononcé ces mots : « C’est merveilleux ! Tu es prêt, vas-y, fonce.»

Les tableaux qui ont suivi ont forcé mon admiration. Suite à quoi, quelques temps plus tard, j’écrivais la toute première analyse de la création picturale de Charles Carson pour le C.I.D.I.AC.
(Centre d’information, de diffusion et d’investissement en art du Québec) un long article analytique qui portait pour titre : «Carson un nouvel isme…» en plusieurs langues et distribué à l’échelle internationale.

Je lui ai dit cette fois là : « Tu viens de créer un nouvel «isme», mon garçon ».

«Le fondateur du musée d’Art Contemporain
de Montréal, le regretté Guy Robert, a décrit admirablement le carsonisme».

Nous n’étions pas nombreux en qualité d’historiens et experts indépendants à cette époque. Il y avait, en dehors de moi-même, mon ami, historien et fondateur du Musée d’Art contemporain de Montréal, le regretté Guy Robert et, Jacques de Roussan, critique d’art, aussi disparu aujourd’hui. Très rapidement, Guy Robert s’est rattaché à mon avis en écrivant, à son tour une excellente étude descriptive de la peinture de Carson, publiée par les Éditions Ikonia Extrait de son analyse: «Carson donne au tableau une profondeur particulière plus fascinante que la plus habile maîtrise des système les plus savants de perspective» «Hélas,ou plutôt bien heureusement, aucune étiquette des -ismes- bien connus dans la pagaille de l’art contemporain ne semble pouvoir y adhérer, et je devrai donc en parfaite accord avec mon ami Bruens me résigner, d’ailleurs avec grand soulagement, à nommer ce style : le carsonisme!».

Jacques de Roussan, en qualité de critique, a rejoint nos avis en ajoutant une vision tout aussi personnelle de l’art de Carson.

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FUSION et PASSION

Le Carsonisme: une réalité…

« Nul n’est prophète en son pays »

Ce coloriste a ressenti le besoin de renouveler sa palette, de voir de nouveaux espaces, des lumières différentes; les couleurs inconnues lui sont encore et toujours nécessaires. Il ira vivre quelques années en Amérique du Sud et particulièrement en Colombie son pays d’adoption. Il y a fait couler beaucoup d’encre, tant au sens propre qu’au sens figuré ; à tel point qu’en 1997, pour souligner son apport à la culture Colombienne. La Société aéroportuaire lui a rendu hommage: une statue en bronze grandeur nature à son effigie a été érigée dans la ville de Carthagène. L’artiste a aussi signé une murale monumentale intitulée: El cabbalo de mar, elle orne le hall de l’aéroport principal de la ville ainsi qu’une murale de scène religieuse intitulée: Yo hice lo que tú quérías pour l’église Santo Domingo (monument classé patrimoine mondial). Il y a produit aussi de nombreuses et excellentes scènes sous-marines, toujours dans le genre carsonisme.

ANECDOTE : Lors d’un voyage en Colombie avec Caroline mon épouse, quel ne fut pas notre étonnement de découvrir à l’aéroport une immense murale, un tableau splendide de Carson, intitulé El Cabbalo de mar. Cet immense tableau de 4 mètres de haut retient immédiatement l’attention des voyageurs car il est situé dans le hall de l’aéroport de Carthagène. Quelques jours plus tard, au cours de nos pérégrinations dans la ville, nous tombons face à face avec quoi ? Un bronze grandeur nature à l’effigie de Charles Carson. Est-il donc à ce point célèbre notre ami Charles ? Nos pas nous conduisirent à visiter la fameuse Église Santo Domingo (monument classé patrimoine mondial) où le très aimable et vieux curé est très fier de nous faire admirer une autre murale religieuse celle-là, intitulée : Yo hice lo que tu quérias. Une autre oeuvre murale du plus pur carsonisme. Mais c’est dans son atelier que nous avons pu admirer les plus beaux fonds marins que l’artiste a produit. Comme quoi « Nul n’est prophète en son pays. Nous étions très fiers de lui et de sa réussite.

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MAÎTRES CANADIENS DE L’ART CONTEMPORAIN

Une exploration nouvelle des mosaïques de Carson…

À son retour au Québec, en l’an 2000, après une tournée européenne, il entreprend l’étude de l’art abstrait dans ses divers aspects et réussit à innover un nouveau genre de mosaïsme. Il nous faut nous souvenir de Jean-Paul Riopelle et de sa période « mosaïque de 1950-1960 ». Depuis cette époque, aucun artiste n’avait réellement réussi à produire une peinture de qualité de ce style particulier. Charles Carson, par sa recherche d’étude de juxtaposition des couleurs dans une limpidité des plus surprenante a relevé ce défi et, bien que sa technique ne ressemble en rien à celle de Riopelle, elle est d’une égale qualité.

En 2004 le critique d’art Robert Bernier, publie un article de 16 pages sur l’œuvre de Carson, dans l’éditions « Parcours » dont voici un extrait :« On dirait un flot incessant de particules qui balaient la matière avec une régularité fascinante, voire déconcertante ». Ensuite, nous découvrons un véritable feu d’artifice de couleurs dans ses œuvres les plus récentes, des tableaux qui ne peuvent que nous étonner et nous ravir.

Après avoir récolté plusieurs prix à l’échelle nationale et internationale en 2005, Charles Carson devient membre officiel de l’AEAF (L’Académie Européenne des Arts-France)

Naturellement, qui dit succès en peinture dit aussi valeur financière. Un artiste ne peut peindre plus d’un certain nombre de tableaux par année. Si la demande est plus forte que l’offre, comme en bourse, sa « cote » monte au gré de sa réputation et de son succès. C’est le cas de Charles Carson qui se voit aujourd’hui très en demande par les investisseurs.

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SA COTE, SON MARCHÉ

CHARLES CARSON, À LA CONQUÊTE DU MARCHÉ EUROPÉEN

Les graphiques qui suivent sont assez éloquents. Sources référence; Dictionnaire Drouot cotation 2004 et 2005, Paris.Diffusion par la prestigieuse maison Larousse.

Sous la direction de Christian SORRIANO:

Expert en ventes publiques
Expert à l’Union Française et à l’Union Internationale des Experts.

Parution: Paris 2004
Carson voir page 104, nous trouvons ce qui suit:

CARSON né en 1957
Cotations de 2000 € à 75 000 €

24 000 € Profondeur marine acrylique 101 x 152cm
9 500 € La Palanquera acrylique 61 x 51 cm
1 950 € Bourgeon printanier acrylique 30 x 25 cm
1 800 € Réflexion marine Giclée # 1/75

Dictionnaire Drouot cotation
Diffusion Édition Larousse

Paris 2005
Carson voir page 146, nous trouvons ce qui suit:

Cotations de 2000 € à 85 000 €

45 000 € Vibration Acrylique 160 x 118 cm
38 000 € La résurrection Acrylique 154 x 103 cm
24 000 € L’oie sauvage Acrylique 154 x 103 cm
12 000 € Bodegon Acrylique 61 x 51 cm
85 000 € Subtilité du Carsonisme Acrylique 137 x 274 cm

Nous avons au Québec d’excellents peintres et bon nombre parmi eux pourraient suivre le chemin parcouru par Charles Carson… s’ils ne se satisfaisaient pas de travailler en atelier ou d’être simplement représentés par quelques galeries du Canada… ou encore de compter particulièrement sur leur site Web pour assurer leur réputation ou augmenter la vente de leurs oeuvres.

En conclusion, il est conseillé aux amateurs d’art et investisseurs de suivre de près la carrière de Charles Carson.

Louis Bruens, écrivain, historien et expert scientifique en analyse d’oeuvre d’art depuis 1960. Lauréat du Grand Prix Gutenberg, 1993,1994 et 1995. Il est le fondateur de l’Académie international des Beaux-Arts du Québec.